lundi 7 septembre 2009

Contre les feux de la Haine

Ngombulu Ya Sangui Ya Mina Bantu LASCONY

Ecrivain, documentariste, historiographe

(Institut Cercle-Congo)

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Voilà un feuilleton policier que les Congolais des deux rives ne veulent plus voir, à cause des scènes montrant les forces du désordre (cobras) rackettant des civils. Les acteurs principaux (Les généraux Paul MBOT, Jean-François NDENGUET et compagnie) sont vêtus d’uniforme de brutalité avec une matraque à la main. Ils chargent leurs fourgons d’innocents dont le seul tort est d’être originaires du territoire voisin.

Et ce feuilleton se termine toujours par la fermeture des frontières maritimes qui paralyse les échanges commerciaux entre les deux rives. Non ! Plus personne n’en veut. C’est du déjà vu.

Jean KUNGI, petit commerçant originaire du Congo Kinshasa, a été molesté dans le quartier de Mikalou par des voyous en tenue de gendarme, probablement des miliciens cobras déguisés en agent de la force publique. Ses agresseurs lui ont amputé deux doigts, coupé une oreille et versé de l’essence avant de le brûler vif. Heureusement, la victime a été secouru à temps.

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"Mon pays va mal" chantait Tiken Jah Fakoly à propos de la Côte-d’Ivoire.

Ce refrain pourrait être aussi valable pour le Congo Brazzaville qui a subitement renoué avec ses vieux démons.

L’été 2008, nous étions tous tétanisés en voyant à la télévision des images des gens immolés en Afrique du sud.

Ce pays qui avait pourtant réussi à sortir d’une longue période d’ignominie, venait de faire un grand bond en arrière.

De nombreuses voix s’étaient alors élevées pour condamner les violences dont étaient victimes des mouvements anti-apartheid.

Une fois ce brasier éteint, c’est le Congo Brazzaville qui semble emprunter le même chemin.

Est-ce cela le "Chemin d’avenir" que le "pyromane" SASSOU NGUESSO a promis à ses concitoyens ?

En tant que Congolais, notre devoir est de dire "Stop ! " pour éviter le pire.

C’est de la stigmatisation que naissent les actes de purification ethnique.

Sommes-nous prêts à endosser une si grosse responsabilité ?

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Non, car les Congolais dans l’ensemble ne sont pas xénophobes, j’en veux pour preuves les nombreux mariages qui se font tous les jours entre les citoyens des deux Congo. Claudia et Kristel NGUESSO ne sont-ils pas nés d’une mère originaire de la R.D.C ?

L’opération baptisée "STERILISATION" que vient d’initier le ministère de l’Intérieur n’est rien d’autre qu’un rideau de fumée, pour détourner l’attention des Congolais des vrais problèmes. On se demande parfois, si nos dirigeants n’ont pas un caillou à la place du cerveau.

Stériliser signifie rendre exempt de germes, autrement empêcher la reproduction des microbes.

Nos frères d’en face seraient-il devenus des microbes ? On n’a pas besoin d’être un fan de Rumba pour se rendre compte du sentiment fraternel qui prévaut de l’autre rive du fleuve. Les artistes kinois ne cessent de renouveler leurs vœux de fraternité en chansons aux Congolais de Brazzaville : "Kinshasa-Brazza ezali mboka moko, kaka ebale moto ekabola biso... " (Kinshasa et Brazzaville ne forment qu’un seul pays, seul le fleuve nous sépare…).

Nous ne devrions pas oublier que nos frères de Kinshasa ont été bienveillants à notre égard, lorsque certains d’entre nous ont trouvé refuge en R.D.C pendant les guerres de 1997 et 1998 que notre pays a connus.

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S’il fallait stériliser le Congo-Brazzaville, il vaudrait mieux commencer d’abord par nettoyer sa classe politique gangrénée de gangsters.

Une décision aussi grave ne saurait être prise sans la soumettre par voie de référendum au peuple Congolais, qui dans sa grande majorité réprouve ces expulsions.

En 1978, M. YHOMBI OPANGAULT, successeur de Marien NGOUABI, avait lui aussi initié une opération similaire, en ordonnant l’expulsion massive de nos congénères Ouest-Africains.

Les témoins de ces tristes événements en ont gardé un très mauvais souvenir. L’histoire a tendance à se répéter avec ceux qui sont amnésiques. Qui savait que YHOMBI allait lui-même être menacé d’expulsion à son tour pendant son exil Parisien ? Attention, la roue tourne !

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En 1965, le Premier ministre Moïse TSHOMBÉ, un inculte mégalomane manipulé par les Belges, décréta l’expulsion massive des Congolais de Brazzaville résidant au Congo Léopoldville (actuel Kinshasa).

Cette décision suscita une réaction réciproque de son homologue Brazzavillois. Pendant la guerre froide, les deux Congo se sont livrés à des expulsions injustifiables.

La dernière opération de ce genre s’était déroulée au Congo Brazzaville, en août 1992, juste avant l’élection présidentielle, décision imputable au gouvernement de transition. 150 Kinois trouvèrent la mort au Beach de Brazzaville, après l’effondrement d’un pont. Apparemment, ces événements tragiques n’ont pas servi de leçon au Brazzavillois.

Le 21e siècle est censé être le siècle de la Renaissance Africaine, chère à tous.

Les autorités des deux Congo ne devraient plus reproduire les mêmes forfaits.

Le micro-nationalisme est un héritage néfaste de la colonisation.

Si le Chancelier Allemand Otto Van BISMARCK n’avait pas utilisé son épée pour diviser le "gâteau" Africain sous l’insistance des puissances coloniales Européennes, il n’y aurait eu qu’un seul Congo, celui de nos ancêtres, magnifié en chanson par feu Franklin BOUKAKA.

Le pont sur le Congo n’enjambera jamais le fleuve, tant que nous ne nous débarrasserons pas de notre mentalité coloniale.

Nous ne sommes ni des descendants de Gaulois, de Wallons et de Flamands pour entretenir un climat conflictuel. Nous sommes tous Congolais parce que nous avons la même origine. Nos coutumes et langues communes (lingala, kikongo, kitouba, kitéké, kiyombé…) devraient être les vecteurs de notre unité.

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Depuis la guerre de 1997, le Congo Brazzaville a intégré la violence dans ses mœurs, des milliers de ses ressortissants ont préféré s’exiler à la recherche d’un havre de paix.

Aujourd’hui, on retrouve d’importantes communautés Congolaises un peu partout en Afrique de l’Ouest, où aucun Congolais n’aurait imaginé émigrer.

Et ces pays d’accueil semblent être bienveillants.

Alors, pourquoi les autorités de Brazzaville devraient-elles expulser nos frères d’en face ? Les Congolais de Kinshasa ne sont en aucun cas responsables de nos difficultés économiques.

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La misère qui sévit au Congo Brazzaville est le résultat de la gabegie financière dont le seul coupable est le régime actuel. Où sont passés les 11 milliards de dollars de revenus pétroliers de ces trois dernières années ?

Il y a 99 ans, Henry Sylvester WILLIAMS, premier avocat noir au barreau de Londres, convoqua une réunion dans la capitale Anglaise, à laquelle tous les Africains et Afro-descendants furent conviés. C’est ce jour que naquit le Panafricanisme.

En 1945, KWAME NKRUMAH, George PADMORE et bien d’autres leaders noirs firent de même au Congrès de Manchester.

C’est le Panafricanisme qui dopa la lutte pour l’indépendance des pays Africains et de la diaspora (Guyana, Surinam, Trinidad and Tobago, Jamaica…).

Au lieu de se diriger vers le fédéralisme, les dirigeants Africains maintiennent la balkanisation.

La carte de séjour est un concept occidental que les Africains ne sont pas obligés de calquer. Tout ce qui est valable en Occident ne l’est pas forcément en Afrique. Nous sommes Congolais, Tchadiens, Gabonais, Camerounais, Burkinabè ou Ivoiriens par la seule volonté du colon.

Pendant la colonisation, il n’existait pas des pays, mais deux ensembles sous-régionaux en Afrique dite Francophone : l’A.E.F et l’A.O.F.

C’est le général De GAULLE qui décida de leur implosion, pour que la France puisse contrôler les Etats nouvellement "indépendants". Pourquoi, les Africains s’obstinent à s’attacher à ces nations artificielles. La carte de séjour n’existe pas au Mali, et cela n’empêche pas ce pays, pourtant désertique, de participer à la course du progrès.

Les Africains devraient arrêter de chercher des boucs-émissaires à chaque fois qu’ils sont confrontés à des difficultés économiques ou politiques.

Avant-hier, c’était les Maliens, Burkinabè, Guinéens… qui ont fait les frais de l’ivoirité en Côte-d’Ivoire. Hier, c’était les Zimbabwéens, Mozambicains, Malawites… qui ont été lapidés et immolés en Afrique du Sud.

Depuis que l’Angola connaît une croissance à deux chiffres grâce à ses revenus pétroliers, les autres Africains n’y sont plus les bienvenus.

Et aujourd’hui, c’est le Congo Brazzaville qui projette un mauvais feuilleton sur le grand écran de l’absurdité.

Ce n’est pas la présence de nos frères de la rive gauche qui empêche l’eau potable de couler et la lumière de jaillir au Congo-Brazzaville.

Comment deux peuples parlant la même langue peuvent se considérer étrangers.

Le micro-nationalisme est démodé.

Seul un Etat fédéral est viable en Afrique, insista Cheikh ANTA DIOP. L’unité est le seul rempart efficace contre le tribalisme. Au lieu de nous détester, regardons-nous comme des frères, ainsi renaitra l’Afrique de ses cendres. Nous sommes Africains avant d’être Congolais.

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Le bassin du fleuve Congo, notre fleuve .

2 commentaires:

  1. il faut arreter de ressasser toutes ces choses
    Tu ne pourras rien faire pour arreter cela crois moi?
    Des conflits en afrique, il y en auras toujours et d eplus en plus. les petits veulent manger autant que les grands
    Alors vis au moment presentet penses a autre chose

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  2. Tout un conseil... vis le moment présent, tue les autres, laisses tuer les autres et on en reparlera un siècle plutard... toute une philosophie de vie. Tu es à plaindre!!!

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