Hier soir, heure de Montréal, New-York, avant d'aller nous coucher, nous apprenions la disparution de notre grand frère, oncle, père et ami Tata Sassa Kasa yi Kiboba à l'hôpital Maisonneuve Rosement à Montréal-centre.
Notre frère était malade depuis plusieurs mois.
Que Dieu ait son âme!!!
Sassa Kassa yi Kiboba était originaire de l'ancien Zaire, Khele Muanza (butu, village du pere) pas loin de Lampa, entre Tshela et Maduda et de Kisasa Ngombi (kanda, village de la mere), pas loin de Mayunda.
En 1974, le Zaire est qualifié à la coupe du monde de football en Allemagne. Dans une entrevue à Radio Okapi, Kabala Muana Mbuyi racontera qu'en cette période, disposant de peu de moyen, lui et son ami Sassa Kassa yi Kiboba vont servir de personnes ressources pour mieux connaitre les équipes que rencontrent les Leopards.
Les informations glanées devraient servir de note pour Blagoje Vidinic, le selectionneur national.
Diolement Sassa est un connaisseur de football. Il a travaillé pour l'hebdomadaire de sport Masano. Il était responsable adjoint, reporteur en chef et tout ce qui vient avec dans un pays comme le Zaïre du temps de Mobutu.
Ainsi, plusieurs parmi nous, pré-ado, mais cultivé, nous ne manquions pas ses chroniques. Il était nos yeux dans cette lointaine Allemagne de 1974. Il n'y avait pas encore de télévision dans l'espace Kongo, hormis Kisantu et ses banlieues.
Il verra impuissant la débâcle des Léopards. Il comprendra comme Tshimpumpu wa Tshimpumpu, un de ses copains qu'il fallait préparer l'équipe nationale, lui donner des moyens au lieu d'organiser un festival d'animation politique. Le Zaire de 1973 avait les moyens. Beaucoup de moyens.
Apres la coupe du monde, c'est la politique qui ne laisse pas notre ainé insensible. Il crée Mitchezo, un autre journal sportif. C'était un hebdomadaire. Apres, c'est le comité central du parti (MPR) qui l'accueilli comme un de ses membres. Il prit aussi une part active dans l'AS Vita Club, son club de coeur, chose rare pour cet homme dont plusieurs de ses co-originaire du Bas-Zaire pour qui fidélité à Dragon est une histoire familiale.
Sassa Kassa yi Kiboba était un professionnel. Il aimait son métier et le defendait.
Quand arriva la démocratie, il crée le journal Kya (qui veut dire Lumière en langue fioti (kiyombe)).
En exil aux États-Unis quand les Kabila prennent le pouvoir, il continue à pratiquer son métier. Il mis ses énergies à rélancer Kya-International, à lancer le forum Kya-Lumiere. Et puis, il s'installa à Montréal et la maladie le vaincu. Oui, car il était malade.
Au debut, il avait quelques contrôles à faire, puis un jour, il fallait qu'on le garde et malheureusement, ils l'ont gardé jusqu'à sa mort. Il avait encore des projets à réaliser, mais l'énergie baissait. Il savait qu'il était condamné, nous révions le revoir et profiter de ses conseils, car le pays Kongo était une histoire de sa vie.
Que son âme se repose en paix.
Londa Mavungu