Communication de l’Honorable Jean Claude VUEMBA LUZAMBA, Président National du Mouvement du Peuple Congolais pour la République au Séminaire Politique organisé par la Convention Nationale et d’Action Politique, CNAP en sigle, Kinshasa, le 20 Février 2010, dans la salle chez Benie/Commune de Ndjili-Bld LUMUMBA
Thème : Démocratie, liberté citoyenne, valeur et force d’un Parti Politique dans un régime semi-présidentiel
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Distingués invités,
Cadres et militants du CNAP,
Je commencerais par remercier les dirigeants de la Convention Nationale et d’Action Politique, CNAP en sigle, pour m’avoir cordialement invité à participer à ce séminaire idéologique et de renforcement des capacités des cadres et des membres de leur Parti Politique, ce qui constitue une preuve éloquente de collaboration entre Partis et Hommes Politiques congolais.
Je suis d’autant plus à l’aise de prendre la parole en ce moment car le Président National du CNAP, l’Honorable Jacques EBWEME que je connais depuis trois ans et demi figure parmi les collègues Députés que j’apprécie et que je respecte pour la pertinence de leurs interventions au sein de notre hémicycle. Je me souviens encore de la merveilleuse comparaison qu’il avait faite lors du débat sur les massacres des adeptes de Bundu dia Kongo dans la province du Kongo Central en Février 2007, lorsqu’il avait établi le lien ente le seul prophète noir Mbuta Simon Kimbangu et le Longi ya Kongo, l’Honorable Ne Muanda Nsemi.
Et ce jour là, j’ai compris que le territoire de Bagata dans la province du Bandundu, le CNAP et le Congo tout entier avaient la chance de compter ce brillant avocat et compatriote comme citoyen responsable de ce pays.
Ensuite, je tiens à relever qu’il est difficile de plancher après plusieurs intervenants durant la matinée au risque de répéter les mêmes notions sur les Partis Politiques, le profil des cadres, les femmes, la doctrine, les projets de société ou les programmes politiques.
C’est pourquoi, je voudrais aller droit au but dans le thème qui m’a été proposé, en essayant de me limiter dans le timing qui m’est accordé à ce sujet.
Il est évident que mon intervention se fondera sur l’expérience du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, MPCR en sigle, Parti que je préside depuis sa fondation historique le 27 Novembre 1997 à Paris, capitale de l’Hexagone, sa délocalisation lors du Conclave de BASOKO de 2003 ainsi que sa refondation le 25 Juillet 2009 dans la commune de Ngiri-Ngiri où se trouve son siège national sur l’avenue Kasa-Vubu n°63.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Distingués invités,
Cadres et militants du CNAP,
La démocratie, selon le Président américain Abraham Lincoln, repose sur le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. Elle se manifeste dans un Etat où les dirigeants sont élus, désignés ou cooptés au 1er degré ou au second degré.
La démocratie veut aussi dire « Puissance du Peuple » régulée par des Elus. Mais, cet impérium doit être partagé pour éviter l’arbitraire, l’autoritarisme, le despotisme, la dictature monopartite de l’époque de la guerre froide ou celle multipartite de la démocratie cautionnée par la guerre chaude, c'est-à-dire la conquête sauvage des ressources naturelles par les multinationales occidentales et orientales ou le conservatisme présidentiel autrement dit le césarisme institutionnel voire la succession dynastique.
C’est ainsi que l’on parle du pouvoir législatif, du Pourvoir Exécutif et du pouvoir Judiciaire. L’exercice de la démocratie exige non seulement la séparation, mais aussi l’équilibre des trois pouvoirs qui constituent les piliers, les fondements ou mieux les bases de la démocratie classique, et ce depuis la Grèce antique et l’Empire Romain.
C’est dans ce cadre ainsi tracé que le souverain primaire est appelé à exercer ses droits fondamentaux et ses libertés inaliénables dans le respect de la législation en vigueur dans le pays, parmi lesquels le plus important n’est autre que : la sanction de ses dirigeants au moyen des élections libres et transparentes.
C’est pourquoi, il est important pour chaque citoyen d’un pays démocratique de ne jamais perdre de vue que c’est lui qui est le détenteur réel du pouvoir qu’il exerce par ses représentants. D’où l’importance d’un vote responsable, car cela détermine les lendemains de tout un pays ; faites donc attention au vote basé sur un verre de bière, un T-shirt, un morceau de mpiodi, une petite somme d’argent … et que sais-je encore.
Voyez ce qui se passe actuellement dans la majorité de nos Assemblées Provinciales qui excellent dans des motions de censure contre leur Bureau ou leur Gouvernement Provincial ; cela est dû au mauvais choix opéré en 2006 quand nous avions envoyé dans les Assemblées Provinciales des personnes non crédibles et qui aujourd’hui, à la veille des élections futures, se rendent compte de leurs mauvaises prestations et se précipitent, comme des diables dans un bénitier, à rectifier leurs tirs.
Malheureusement pour eux, le temps ne le leur permet pas et l’électeur a ouvert l’œil et cette fois-ci le bon.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Distingués invités,
Cadres et militants du CNAP,
En ce qui concerne la liberté des citoyens, qu’ils soient Congolais ou des étrangers qui ont choisi notre pays comme leur seconde patrie, je rappelle volontiers que le Constituant a tenu à affirmer l’attachement de la République Démocratique du Congo aux droit humains et aux libertés fondamentales tel que proclamés par les instruments juridiques internationaux auxquels notre pays a adhéré depuis longtemps. Aussi, ces droits et libertés ont-ils été intégrés dans le corps même de la Constitution promulguée le 18 Février 2006 et publiée dans le Journal Officiel. A cet égard, répondant aux signes du temps, l’actuelle Constitution a introduit une innovation de taille en formalisant la parité homme/femme.
Je vous recommande de lire ou plutôt de relire patriotiquement le titre des droits humains, des libertés fondamentales et des devoirs des citoyens et de l’Etat que vous trouverez de la page 13 à la page 27 du texte de la Constitution comprenant les articles 11 jusqu’à l’article 67, avec 2 chapitres à savoir : Les droits civils et politiques ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels.
Cependant, il sied de rappeler que la liberté citoyenne, principe consacré par les articles de la Constitution dont je viens de faire allusion, ne peut se réaliser concrètement que si et seulement si chacun des citoyens Congolais ou étrangers acceptent sans contraintes de se conformer aux prescrits de la Constitution et des lois de la République Démocratique du Congo. Car la liberté de chacun s’arrête là où commence celle de l’autre ; et il n’y a que la loi pour fixer cette limite sans laquelle le pays sera transformé à une jungle ou à un espace invivable. Et dans ces conditions, c’est la loi du plus fort qui règne comme chez les animaux.
Il appartient donc aux citoyens congolais et aux étrangers ayant choisi le Congo comme leur second patrie de respecter la Constitution et les lois particulières de la République pour assumer convenablement leur liberté par respect à « l’Esprit des Lois » édicté par le philosophe Montesquieu au 17è siècle, appelé siècle de la lumière.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Distingués invités,
Cadres et militants du CNAP,
Au sujet de la représentativité d’un Parti Politique dans un régime semi-présidentiel, de prime à bord, je commencerais par distinguer sommairement le régime présidentiel du régime semi-présidentiel.
Le régime présidentiel est celui adopté par un Etat dirigé par un Président et un Vice-président, à l’exemple des Etats Unis d’Amérique avec l’actuel ticket démocrate Barack Hussein Obama et Joseph Biden, le Nigéria avec Umaru Yar'Adua et Goodluck Jonathan, la République Sud-Africaine avec jadis Nelson Mandela et Thabo Mbeki puis Thabo Mbeki et Kgalema Motlanthe et j’en passe. Un régime est réputé régime présidentiel lorsque le Chef de l’Etat détient plus de pouvoirs que le Parlement.
Par contre, le régime semi-présidentiel ou parlementaire est celui comprenant un Président, élu au suffrage universel direct comme en France, en RD Congo, au Sénégal ou au Gabon et un Premier Ministre choisi ou désigné par la majorité présidentielle ou parlementaire.
Dans ce genre de régime, le pouvoir Exécutif est partagé entre le Président de la République et le Premier Ministre. Au cas où les deux têtes de l’Exécutif ne sont pas issues de la même majorité, il y a ce qu’on appelle cohabitation.
Cette distinction étant faite, il appartient dès lors aux acteurs politiques de jouer correctement le jeu politique afin de permettre à tout Parti Politique d’évoluer normalement dans le contexte d’un régime semi-présidentiel.
La valeur et la force d’un Parti Politique ne pourront être mesurées que par certains paramètres publics à savoir : non seulement sa représentation dans les institutions politiques issues des élections démocratiques et pluralistes, mais aussi sa représentativité effective sur le terrain, c'est-à-dire la possession d’un siège à impact visible, l’adhésion, l’encadrement, l’information, la formation, la sensibilisation des cadres, des membres et des masses populaires par des séminaires, des conclaves, des meetings, des marches et des publications avant, durant et après les élections.
Il est donc important pour les Partis Politiques de réveiller la conscience citoyenne de leurs membres afin de permettre à ces derniers de jouer réellement leur rôle de souverain primaire, véritable détenteur du pouvoir.
Point n’est besoin de rappeler que tout cela devra être réalisé dans le strict respect de la législation en vigueur en la matière, laquelle devra être respectée par tous ou alors se faire respecter par le biais d’une Justice libre et équitable.
Dans notre pays, il est plus que temps que les leaders des Partis Politiques dénoncent l’angélisme ou le discours de l’Espérance prêché par certaines Eglises dont les Pasteurs négligent l’Evangélisation de la libération sociale. Nous citerons comme modèle la Théologie de la libération menée en Amérique Latine par les stars de Jésus et, bien avant en Europe de l’Est par l’Archevêque de Cracovie Karol Wojtila, qui deviendra plus tard le Pape Jean Paul II à Rome.
Dans notre pays, la crise économique, sociale et morale accrue auraient dû révolter les forces politiques et sociales afin d’obtenir un changement effectif des Institutions par des réformes profondes, lesquelles aboutiraient à l’amélioration des conditions socio-économiques du peuple congolais au lieu de la soumission servile au taux du jour.
Or, que constatons-nous, les congolaises et les congolais qui absorbent facilement le discours soporifique de certaines Eglises et versent les dîmes et les offrandes à profusion lors des cultes et des campagnes d’évangélisation pour des miracles incertains, sont incapables de réclamer le minimum vital auprès des pouvoirs publics qui ne leur paient même pas le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Et pire que ça, aucune action à impact visible n’est menée pour changer cet état des choses : nos concitoyens se renferment dans l’Empire du silence.
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Distingués invités,
Cadres et militants du CNAP,
Au regard de la théorie politique, que je viens de développer tout à l’heure devant cette auguste et respectable Assemblée locale, je voudrais vous entretenir sur le point de vue du Mouvement du Peuple Congolais pour la République, un Parti avant-gardiste, face à la situation politique actuelle de notre pays, à la veille des élections de 2011.
Le MPCR estime que l’heure a sonné pour que toute l’opposition institutionnelle et extra institutionnelle se retrouve dans toute sa diversité, et avec l’égalité des chances, autour d’une table ronde afin d’élaborer un programme commun qui sera considéré comme un véritable « vade-mecum ». Et ce n’est qu’après s’être mis d’accord sur un programme commun d’alternance politique au pouvoir bourgeois et compradore actuel que le leadership interne pourra se dégager spontanément et inévitablement sur la responsabilité de la gestion des ambitions des leaders politiques et sociaux.
L’urgence donc de ce programme commun d’alternance démocratique est une nécessité absolue à l’heure actuelle au regard des différents projets de société que défendent la plupart des Partis Politiques depuis le 15 Mars 2004. Il parait impérieux que toute l’Opposition politique puisse dégager un consensus qui prendrait en compte les ambitions des uns et des autres tout en privilégiant l’intérêt supérieur du peuple congolais.
Car, celui-ci ne sait plus à quel saint se vouer face au pouvoir défaitiste dont les promesses électoralistes de la première législature de la 3ème République se sont avérées un grossier mensonge et une grave déception. Ce qui a créé un traumatisme tragique dans le chef de la population désemparée par la transformation magique du panier de la ménagère au sachet du père de la famille.
Le Mouvement du Peuple Congolais pour la République propose donc la tenue des Etats généraux de l’opposition politique en comptant sur le partenariat de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le MLP de Franck Diongo, l’USC de Christian Badibangi, le RCDN de Roger Lumbala, les Verts de Ruffin Mpaka Mawete, le BDM de Ne Muanda Nsemi, le combattant Jacques Matanda Mamboyo Kudia Kubanza, le Professeur Désiré Pongo, ainsi que tant d’autres hommes et formations politiques du pays et de la diaspora avant la date du 30 Juin 2010, laquelle coïncide avec la commémoration du Cinquantenaire de l’indépendance de notre pays.
C’est pourquoi, je demande à l’Opposition congolaise de se référer à ce qui s’est passé en France dans les années 1970 avec François Mitterrand, Georges Marchais, Michel Rocard, Pierre Mauroy, Pierre Joxe, Louis Mermaz, Huguette Bouchardeau et tant d’autres qui ont su surpasser leurs ambitions politiciennes égoïstes afin de mobiliser toutes les forces de Gauche - des Socialistes aux Communistes en passant par le PSU (Parti Socialiste Unifié) de Michel Rocard ainsi que les Radicaux de Gauche - pour le triomphe de l’Opposition plurielle et l’alternance en France.
Je saisi donc l’occasion de la tenue de ces assises politiques dans le district de Tshangu, le plus vaste et le plus populaire de la ville-province de Kinshasa, par l’Université du CNAP, pour inviter tous les Partis Politiques de l’Opposition congolaise à se préparer pour les élections prochaines. Mon collègue Député, l’Honorable Tryphon Kin Kiey Mulumba, leader du P.A (Parti pour l’Action) a bel et bien écrit dans son Journal le Soft-International que « l’année 2010 est l’année pré-électorale ; beaucoup de Députés Nationaux s’apprêtent à changer des Partis et des plates formes de la majorité parlementaire pour venir ou revenir pour certains offrir leur virginité politique dans les Partis et Plate formes de l’Opposition ».
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Distingués invités,
Cadres et militants du CNAP,
Voilà comment et pourquoi on peut juger la compétitivité d’un Parti Politique avant, pendant et après les échéances électorales.
Mais tout n’est pas encore joué car, les chemins de la véritable démocratie sont longs à parcourir avec la tentation du révisionnisme constitutionnel ; Rien qu’à observer la nervosité du Pouvoir par le retour des démons de la répression envers les leaders et les Partis de l’Opposition, la précampagne officielle ne fait que commencer.
Les Partis Politiques devraient mobiliser d’ores et déjà leurs combattants de la liberté, de la démocratie, de la résistance et de droits de l’homme afin de rester vigilent et de veiller à ne pas perdre les quelques acquis de notre démocratie naissante ; cela implique des sacrifices, mais souvenez-vous du mot d’ordre de papa Emmanuel BAMBA, l’un des conjurés de la pentecôte qui avait dit « Ne jamais trahir ses convictions quel que soit le sacrifice suprême ». « La lutta continua, la victoria e certa » (la lutte continue, la victoire est certaine).
CNAP viva ! viva !
MPCR viva ! viva !
RDC viva ! viva !
Africa viva ! viva !
J’ai dit et je vous remercie.
Jean Claude VUEMBA LUZAMBA
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