lundi 23 mars 2009

Après 5 ans des recherches Imprimer E-mail

Mercredi 18 mars 2009

La chikwangue améliorée enfin présentée officiellement au public

Samedi dernier, la communauté de Kimpese et des environs a été conviée à prendre part à la cérémonie de présentation de la chikwangue améliorée. Et le nouvel auditorium de l'institut supérieur des techniques appliquées en chimie alimentaire " ISTACHA " en a servi de cadre.

En effet, c'est à une double cérémonie de présentation et de défense d'un travail de recherche, d'un travail de fin de cycle devant un jury composé des professeurs d'université, des éminents hommes de science et d'un public très attentif aux recherches et réalisations du Rév.- père Charles Kusika Nzau et toute son équipe qu'on a eu à assister ce jour-là.

La chikwangue améliorée : la problématique de la recherche

Depuis sa création en 2004, l' ISTACHA s'est fixé un seul objectif ; celui d'assurer la sécurité et la salubrité alimentaire à la population du Bas - Congo et aussi à celle de la ville province de Kinshasa. Pour y parvenir, le développement de l'agriculture et de l'élevage resterait le fondement de l'action amorcée. Ainsi faudrait - il penser à la valorisation des produits locaux pour encourager les agriculteurs et les éleveurs dans leur travail.

De ce fait, la transformation et la conservation agroalimentaire devraient constituer le moyen le plus efficace d'apporter une plus value dans de travail des productions. C'est aussi de cette façon qu'on pouvait penser à vendre certains produits congolais à l'étranger en respectant les normes internationales d'hygiène alimentaire.

A l'ISTACHA, la première phase de cette approche a été constituée par une étude sur la transformation de différentes farines à base des tubercules avec un accent particulier sur le manioc.

Voici cinq ans au terme desquels les recherches sur la chikwangue améliorée arrivent à des aboutissements heureux. Il faut dire que la chikwangue dont le mode traditionnel de préparation demeure jusqu'à ce jour l'apanage des seules femmes paysannes ne peut être vendue ou consommée dans certains milieux de classe (hôtels, restaurants, avions,...) à cause de sa présentation et sa préparation en dehors des normes d'hygiène internationalement reconnues (HCCP). Déjà, la demande locale ne peut-être satisfaite eu égard à la faible quantité et au manque des techniques de conservation.

Contribution à l'industrie biotechnique du manioc.

Après avoir démontré à plusieurs reprises et de diverses manières que le manioc est l'aliment de base de toute la province du Bas - Congo et de la ville de Kinshasa, étant compris la nécessité d'assurer la salubrité et la sécurité alimentaire, l'homme de Dieu arrive à l'amélioration de l'usinage.

De l'usinage traditionnel au moderne

Partant des méthodes traditionnelles de préparation, le chercheur apporte des améliorations à toutes les étapes :

* le manioc est nettoyé dès qu'il est récolté : donc avant d'être épluché,

* épluché, il est nettoyé avant le trempage dans le bac de rouissage.. (Bac de rouissage en lieu et place d'un marécage boué).

* Une 3 é opération de nettoyage après le retrait du bac ;

* Toutes les autres étapes avant et après le " kimpuka " (patte obtenue à base d'amidon du manioc) se passent dans un atelier où les conditions hygiéniques sont réunies ;

* L'homogénéisation de la patte s'effectue dans un pétrin mécanique. L'opération se fait ainsi plus correctement

* Apres la mise en forme (mécanique) ; la cuisson se fait à une température de pasteurisation (modérée et constante) ne dépassant pas 80°c. La chikwangue améliorée est emballée dans un sachet alimentaire.

Les avantages dans la production

On ne le dira pas assez, en améliorant les méthodes de travail, on arrive à un résultat meilleur du point de vue qualité et quantité. Du point de vue de la quantité, l'amélioration de l'usinage apporte un soulagement à la femme appelée à subir une corvée avant d'offrir le produit au consommateur. En peu de temps on peut produire des centaines de chikwangues. Alors que la maman avec ses méthodes traditionnelles met plus d'une semaine pour offrir quelques 50 chikwangues de 200 grammes au consommateur .A ce propos, signalons que l'ISTACHA fournit hebdomadairement 1000 chikwangues à l'internat du lycée LUILA et autant aux Kinois. Du point de vue qualité, il est démontrable que notre chikwangue préparée à même le sol (par cette maman revenue du champs et qui doit au même moment s'occuper soit de son bébé soit d'autres travaux domestiques) ne peut être le résultat d'un travail fait dans les conditions hygiéniques requises. Car pour la maman seule la chikwangue a de l'importance. Les normes HCCP dont doit tenir compte notre nouveau producteur sont une magie noire pour elle.

En focalisant ses recherches sur la transformation et la conservation des produits alimentaires locaux, le Rev. Père répond à un besoin socio-économique et culturel (nutritionnel).Dès le départ, il s'est rendu compte que dans le domaine de la transformation agroalimentaire notre pays regorge d'importantes forces qui sont la production (végétale et animale) et l'existence d'un marché de consommation. Ce sont donc des atouts à côté desquels se remarque malheureusement des faiblesses : les structures en majorité artisanales.

Impact culturel et nutritionnel du manioc

Il est bien vrai que des chercheurs ne trouvent pas, jusqu'à ce jour, un terrain d'entente sur l'origine du manioc. Toutefois déterminer cette origine n'est pas la question. Mais l'important est de préciser que le manioc constitue actuellement l'aliment de beaucoup d'Africains. Qu'Européens et Asiatiques ne s'adonnent pas à des recherches sur la transformation du manioc, cela est assez compréhensible.

Cependant il ne sera pas pardonné aux Africains de se contenter de consommer le manioc comme par le passé. Jusqu'à ce jour la chikwangue est préparée exclusivement par les paysannes. Il est donc nécessaire que l'on encourage les premiers travaux de recherche sur la transformation et la conservation à l'ISTACHA.

En travaillant sur le manioc, le Révérend Père Charles répond à un point de vue culturel : " D'aucuns pensent que les Africains sont incapables de faire des recherches en vue d'améliorer leur alimentation. Ainsi un effort est fait dans le sens à détourner l'Africain de ses éléments culturels de base dont l'alimentation. Pour y parvenir, plusieurs stratégies sont mises en œuvre. A l'internat, il n'est pas rare de trouver des titres tels que : " Le manioc est un aliment contenant du poison (acide cyanhydrique) ; le manioc n'est pas d'origine africaine ; le manioc est peu nutritif. " Néanmoins la résistance aux maladies, l'endurance et la longévité de nos ancêtres n'en constitue pas moins une réponse aux détracteurs de ce tubercule.

Sur le plan nutritionnel, il convient de rappeler qu'une alimentation complète se compose d'éléments énergétiques (calories), de protection (vitamines) et de construction (protéines). Il se fait que l'homme pour se maintenir, a plus besoin des énergies que d'autres choses. De surcroît, le manioc avec 84 % de glucide et 342 calories par 100grs, se trouve parmi les aliments les plus riches en énergie.

De ce fait, il importe donc que des études plus approfondies soient menées sur la transformation et la conservation du manioc. C'est ici qu'il convient de soutenir le fait que les recherches sur la chikwangue améliorée auront le sacre de bénir le travail de nombreux producteurs. "

Néanmoins en dépit des avancées significatives des recherches entreprises sur la chikwangue améliorée, sur le plan scientifique beaucoup reste à faire. Dans son travail, il a été recommandé au Rév. Père d'utiliser des termes scientifiques pour designer en l'occurrence les feuilles d'emballages et les ustensiles utilisés dans le modèle traditionnel de préparation ainsi que des étapes de fabrication comme le " Kimpuka ". De même l'auguste assemblée a souhaité le numérotage des lots ainsi que les dates de fabrication et d'expiration sur les emballages des produits ISTACHA.

Dans l'une de nos précédentes livraisons, nous n'avons pas cru dire mieux lorsque nous titrions : " Le CIVA de Kimpese, une bénédiction pour le Bas- Congo, une grâce pour le Congo "

Tout en signalant que le CIVA (centre d'information et de vulgarisation agroalimentaire) est le parrain de l'ISTACHA, aujourd'hui les réalisations de deux institutions sont au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginé, il y a 5 ans. A ce jour, une gamme d'une vingtaine de produits locaux sont transformés et conservés avec des techniques modernes. Et la chikwangue améliorée, puisqu'il faut parler d'elle, peut se conserver jusqu 'à 6 mois.

Aux industriels et aux décideurs de saisir le taureau par les cornes. L'industrialisation et la commercialisation ne sont plus l'apanage du seul Père Charles. A chacun son rôle.

Josué Lufulu lua Kanda

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Identifies-toi