jeudi 15 octobre 2009

Lettre de Lisboa (Kimbanguisme)

MUANA MUNTU MU BINGANA

Les yeux de tous les kimbanguistes ont été braqués ces derniers jours vers Nkamba-Jérusalem, la cité sainte, où un événement d’une grande portée spirituelle s’est produit en ce 12 octobre 2009. Il s’agit de l’entrée triomphale de maman Muilu Kiawanga Marie, 50 ans après sa mort, dans le « Kinlongo ». Par cet acte, c’est l’une des figures emblématiques du Kimbanguisme qui a fait son entrée dans le « Saint des Saints » kimbanguiste. Comme l’on pourrait se l’imaginer, les bénéfices de cet événement sont multiples. Seulement, pendant que tout le monde s’attendait à ce que Papa Simon Kimbangu Kiangani puisse « distribuer des poissons », le Chef Spirituel du Kimbanguisme a préféré nous « apprendre à pêcher ». Le dicton ne dit-il pas : « Donne-moi du poisson, j’aurai toujours faim. Mais si tu m’apprends à pêcher, je n’aurai plus faim » ? En être doué d’une grande sagesse, on ne pouvait que s’attendre à cela de la part de Papa Simon Kimbangu Kiangani vu que la souffrance qu’endure l’humanité exige plus une libération sur toutes les formes au lieu d’une simple satisfaction matérielle. Pour preuve :

- Sur le plan planétaire, voyons comment notre monde se débat avec la crise mondiale ;

- Sur le plan continental, voyons comment notre Afrique ne sait plus à quel saint se vouer ;

- Sur les plans nationaux, voyons comment nos pays continuent à s’arracher au sol et pourtant, il y en a qui se préparent pour fêter leur cinquantenaire. Pire est la conviction qui commence à gagner du terrain dans le chef de nos politiciens que nous sommes et resterons des produits de la colonisation à en croire les expulsions entre les trois Kongo (RDCongo, Congo-Brazzaville et l’Angola) sans parler des massacres qui sont devenus monnaie courante dans l’est de l’Afrique et partout ailleurs. NON, mes frères et sœurs ! Nous sommes les produits de la colonisation parce que nous avons été forcés à l’être. Et, l’avenir n’a pas encore dit tout son mot. Qui s’attendait à la « Perestroïka » ou au démantèlement de la Yougoslavie ? Même si nous n’assisterons pas à la résurgence de nos anciens royaumes, nous nous inscrivons déjà en faux devant des scènes opposant les africains contre eux-mêmes pour des raisons qui leur sont étrangers. Ceci vaut pour tous les Africains : les Ne-kongo, Tshokwe, Bangala, Luba, Lunda, zoulou, Mandingue, Yoruba, hutu, tutsi… La liste est longue. Car, si nous avalons que nos ancêtres n’étaient pas civilisés, du moins, eux savaient permettre, par exemple dans le cas des Ne-kongo, à un individu de quitter l’Angola, traverser la RDCongo et arriver au Congo-Brazzaville en rencontrant partout un accueil familier. Donc, ce ne sont pas les valeurs qui nous manquent.

Ainsi, pour revenir à nos moutons, Papa Simon Kimbangu Kiangani dans son allocution allusive à l’entrée de Maman Muilu dans le Saint des Saints a laissé échapper une formule qui est la clé pour débloquer toutes les situations auxquelles se débattent aujourd’hui l’humanité et particulièrement l’Afrique. En effet, à en croire papa Simon Kimbangu Kiangani, lors de la 2è guerre mondiale de 1940 à 1945, quand la Belgique s’est senti touchée, un appel a été fait aux Fils de papa Simon Kimbangu. Il s’agit de papa Kisolokele et de papa Diangienda. A ces deux fils de papa Kimbangu, les belges ont adressé leur requête en leur signifiant qu’ils connaissaient leur père et savaient tout ce dont il était capable. La mission leur était, donc, donné d’entrer en contact avec leur père pour qu’il puisse intervenir en faveur de la Belgique. Toujours prêts pour servir, les deux fils de papa Kimbangu ont transmis la requête à leur père et celui-ci, en réponse, a garanti que c’était une question de seconde. Et comme promis, la situation a été débloquée.

Cette révélation qui traduit comment l’humanité peut gagner en se confiant à papa Simon Kimbangu vaut pour nous tout ce que l’on pourrait attendre de l’entrée triomphale de Maman Muilu. Ainsi :

- Aux tenants de l’ordre mondial actuel, Simon Kimbangu vous est révélé pour contourner la crise multidimensionnelle actuelle.

- Aux dirigeants africains, vous qui défilez dans toutes les capitales de l’Occident pour se mettre à l’école de la bonne gouvernance, Simon Kimbangu a assumé votre condition pour que vous appreniez à comptez sur vous-mêmes.

- Aux religieux africains qui croient que les solutions viendront d’ailleurs, sachez que c’est votre présence dans ces milieux qui leur proportionne encore une certaine spiritualité.

- Enfin à toute l’humanité, VOICI KIMBANGU VOTRE REPERE.

Les bakongo disent : « Muana muntu mu bingana… »

Lisbonne, le 14 octobre 2009.

Kalemba Manzo Constantino.


2 commentaires:

  1. LE KIMBANGUISME AU RENDEZ-VOUS

    Une fois de plus merçi pour vos répliques. Comme vous venez de le faire remarquer, toutes les théories du monde font reposer sur les ombres des Africains la responsabilité de notre existence et de notre survie. Partout où nous allons et ceux à qui nous nous confions, quand ils nous visitent chez nous, nous font bourrer les oreilles avec les mêmes propos : « vos solutions viendront de vous-mêmes ». Cependant, pendant qu’ils nous narguent avec tous ces propos, les voilà aussi à nous mettre des bâtons dans les roues. Et je ne sais par quelle cécité, notre attitude a toujours été celle de croire à la bonne foi de leurs visions. Alors, ne nous étonnons pas quand nous subissons des conséquences et voyons nos donneurs de leçons être les premiers à fustiger notre immaturité. Tant que nous nous comporterons en « écoliers dociles » devant tout ce qui nous est imposé (pour assouplir proposer) à partir de l’extérieur, l’AFRIQUE NE SERA PAS L’AFRIQUE c’est-à-dire la nôtre.

    Il nous suffit de remonter l’histoire pour s’en rendre compte. Dans cette envolée, la conférence de Berlin ne constitue pas moins un exemple éloquent. Nos pays taillés aux dimensions industrielles n’ont pas été conçus pour nous agrandir mais bien pour servir de possessions facilement exploitables (Tous les critères ayant été pris en compte). Sinon comment expliquer ce fait pour ne prendre que l’exemple du Portugal qui est arrivé en Afrique vers le 15è siècle mais a attendu la conférence de Berlin c’est-à-dire après que les royaumes africains eurent été morcelés pour faire asseoir sa domination ? Les leçons qui s’en dégagent sont :

    1º Les colons ont senti la nécessité d’une coalition pour pérenniser leur domination. Ainsi chacun était dans sa possession mais tous avaient une contrôle sur les institutions rencontrées (royaume kongo divisé entre le Portugal, la France et la Belgique, l’empire Lunda entre La Belgique, le Portugal et l’Angleterre, le royaume des Bateke entre la Belgique et la France et ainsi de suite partout en Afrique). La globalisation aujourd’hui n’en dit pas moins. D’où l’allergie devant les identités existantes

    2º Les Colons ont senti la nécessité de diviser pour mieux régner. Voyez l’Asie qui se refait ! Un continent colonisé comme le nôtre, mais comme il n’a pas été partagé comme l’Afrique, le voilà se ressaisir mieux que le nôtre.

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  2. Alors que faire ?

    Faut-il attendre la réaction du ciel. Mais le ciel nous a déjà répondu. L’existence aujourd’hui de l’Eglise Kimbanguiste et sa survie jusqu’à nos jours, elle qui a su braver toutes les obstacles lui tendues par les détracteurs de l’Afrique, prouve à suffisance que :

    1º tous les efforts consentis à partir de l’Afrique, ne sont pas tous voués à l’échec. L’Eglise kimbanguiste est née en Afrique. Quand Simon a noté l’afflux des gens vers Nkamba sa terre natale, il ne pensa pas à demander l’aide internationale, mais sensibilisa ses frères de la contrée pour venir en aide à tous ceux qui venaient d’arriver. D’ailleurs aux missionnaires qui lui demandaient s’il avait l’argent pour fonder une Eglise, il répondit en indiquant tous les frères et sœurs qui étaient avec lui comme son argent. Passant de mouvement en Eglise, Elle n’a pas attendu un quelconque financement étranger pour se doter des infrastructures, mais a cultivé l’esprit de « nsinsani » où chacun des membres a apporté et apporte sa pierre dans l’édification de tout ce que l’on reconnait aujourd’hui à l’Eglise Kimbanguiste. Ceci est à peine une illustration matérielle. A cela, s’il faut ajouter des vies humaines qui ont péri (37.000 familles déportées soit 150.000 martyrs pour la seule RDCongo), on comprend bien combien ce monde n’est pas fait pour les cadeaux. Savez-vous comment les colons belges ont été pris au dépourvu ? Je vous le raconte. Marre de toutes ces déportations, les Kimbanguistes en avaient jugés bon d’en finir une fois pour toute. Ils décidèrent un certain jour en 1959 de se retrouver tous au stade Tata Raphaël (stade du 20 mai au temps du président Mobutu) et demanda aux autorités coloniales de venir les exterminer tous au lieu que ça soit un par un comme ils en avaient pris l’habitude. Eu égard à la charte des droits de l’homme (la seule législation à l’époque qui reconnaissait une certaine dignité à toute l’humanité sans distinction), l’autorité coloniale belge recula et reconnut la liberté de culte aux kimbanguistes. Ainsi qu’on le sache, en RDCongo, au Congo-Brazzaville et en Angola, ce sont les kimbanguistes qui ont été les premiers à goûter la liberté.

    2º On ne résiste pas à une oppression en adhérant à ses schèmes de pensée. Le colonisateur en Afrique a toujours entretenu une attitude paternaliste. Et pendant qu’il feignait élever vers la civilisation les masses noires pour en faire
    tous des assimilés, Simon Kimbangu s’est levé et a contraint cette attitude en signifiant : « Le noir deviendra blanc et le blanc, noir ». L’Angola qui hier, a connu jusque le statut de province de Portugal, est aujourd’hui un Etat souverain. J’aime bien, en passant, entendre les autorités angolaises quand ils clament leur souveraineté à qui veut bien les entendre.

    3º Dieu ne fait acception de personne et nous accepte tous tel qu’il nous a créé. La preuve, dans l’Eglise kimbanguiste, les anges donnent des cantiques dans toutes les langues qui existent dans le monde et dans sa missiologie, l’Eglise kimbanguiste recommande le respect des identités des peuples à évangéliser.

    A nous donc de nous ressaisir et nous prendre nous-mêmes en charge.

    Lisbonne, le 30 octobre 2009.

    Kalemba Manzo Constantino

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